L’enfant malade

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Carrière Eugène, l’enfant malade.

J’ai le souvenir
Des yeux d’un enfant malade
Qui demandaient grâce :

« Pitié, vos traitements tuent
Le peu de vie qu’il me reste. »

 

3 réflexions sur “L’enfant malade

    1. Si ça provoque cette réaction en toi c’est que j’ai trouvé les mots pour dire ce qu’il vivait. Quelques mois après cet échange de regards il est effectivement parti. Le moment le plus dur que j’ai connu sur le plan professionnel, non pas qu’il soit mort, c’était d’une certaine façon un soulagement tant il souffrait, mais parce que j’ai transmis cette impression que j’avais qu’on le faisait souffrir inutilement et que ça a provoqué une grande souffrance , en tout cas chez la maman. Je lui ai dis dans l’émotion, il venait de faire une crise terrible et j’ai vu le regard que je décris dans ce Tanka juste après, ça n’était pas le moment de le faire et je n’étais pas la bonne personne pour le faire. J’avais l’impression d’avoir rajouté du mal au mal, j’ai passé des nuits sans dormir, la maman ne voulait plus me voir mais elle voulait que je continue à voir son fils, nous avions une très bonne relation, je le suivais depuis cinq ans. J’ai vu son état de santé se dégrader petit à petit, il fallait tenir le coup, continuer à trouver l’énergie de le faire rire. C’était un suivi à domicile. Quand je coupais le moteur de ma voiture une fois garé devant la maison, je prenais une grande respiration pour me donner du courage, je voulais arriver avec le sourire, je voulais qu’il ait du plaisir à me voir. A la fin je n’y arrivais plus, il était trop mal. Comme je ne supportais plus la distance avec sa mère, j’ai demandé à la voir et je lui ai expliqué le contexte de ma prise de parole et lui ai exprimé mes regrets. Le jour où les médecins ont débranché les appareils qui l’aidaient à respirer, c’était un samedi, je ne travaillais pas, les parents m’ont demandé de venir à l’hôpital pour lui dire adieu. Je leur suis très très reconnaissant de ce geste. Ca a été très douloureux aussi parce que j’ai été blâmé par certains de mes collègues pour ce que j’avais dis, pas par ceux qui comme moi avaient suivi l’enfant. C’était tellement dur de le voir souffrir que certains ne sont pas allé jusqu’au bout de l’accompagnement. Je me console en me disant ça ; j’ai peut-être été maladroit à un moment avec ses parents, mais j’étais là, à son chevet, jusqu’à la fin et puis je ne sais pas si mes paroles ont contribué à ce que cela ce fasse, mais le traitement a été arrêté peu de temps aprés. ll a retrouvé des moments de plaisir. Il avait un régime alimentaire qui le privait de tout ce qu’il aimait. A défaut de l’avoir soigné, j’espère lui avoir apporté un peu de bien être et de tendresse et d’avoir été, maladroitement certes, un porte parole.

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