La lecture des grands écrivains…

Je lis actuellement le livre de Marguerite Duras, La vie tranquille, qui m’est littéralement tombé des mains tant j’ai été subjugué par ce qu’elle racontait et ce soir je tombe sur ce texte qui est comme une explication de tout ce que j’ai éprouvé en la lisant cette après-midi ;

« La lecture des grands écrivains laisse dans nos esprits des traces étonnantes, le souvenir des lieux et des moments précis où nous l’avons faite, l’émotion particulière éprouvée à leur contact, et le sentiment étrange que tout commence en nous au moment où l’œuvre s’achève. Sans doute parce que ceux-ci ne donnent pas de réponse à nos questions, ils éveillent tout au plus un désir. Ils nous conduise et et nous ramènent à ce que nous sommes, ils nous font descendre au plus profond de nous-même, là où nous ne pensions pas pouvoir parvenir un jour. Les grands écrivains ne font au mieux que dévoiler peu à peu une vérité qui demeure toujours hors de prise. Mais peut il y avoir un authentique travail d’écriture sans cette confrontation avec quelque chose d’impossible ? À côté d’une lecture érudite et savante qui rassemble et analyse les informations afin d’emporter l’esprit vers quelques points solides et assurés, il existe une lecture, intime et silencieuse, une amitié en quelque sorte partagée avec l’écrivain, une relation toujours périlleuse qui donne accès à des paysages intérieurs, dont nous n’avions pas soupçonné l’existence et que nous reconnaissons pourtant comme nôtres. La lecture, dit Marcel Proust, nous introduit au seuil de la vie spirituelle*. »
Introduction d’Éric Mangin au livre « Maitre Eckhart, Sermons, traités, poèmes, les écrits allemand. » Seuil.

*Marcel Proust sur la lecture, Arles actes sud, 2008, p34

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