Journal de nage 2

Ça ce passait à Villerupt, une ville ouvrière du Nord-Est de la France. Il s’agissait essentiellement d’extraire du minerais de fer et de le transformer. L’aciérie crachait des flammes rouges orangées. Quand elle s’est éteinte, la nuit devenue noire semblait porter son deuil.

Au retour de la piscine, Gribouille et Noiraud, les deux chats de la maison m’accueillaient en haut des escaliers en miaulant puis me suivaient jusqu’à la table du séjour où je m’asseyais.

Je penchais alors la tête de manière à ce qu’ils puissent plus facilement atteindre mes cheveux encore mouillés avec leur langue râpeuse.

J’ai connu plus agréable comme sèche-cheveux mais rarement plus affectueux.

Journal de nage 1

Quand j’ai pensé raconter mon histoire avec la natation, la première chose qui m’est venue c’est un souvenir d’enfance.

Ce devait être dans mes premières années d’école primaire. J’avais l’âge d’aller seul à la piscine en tous les cas. Je n’y ai jamais vu mes parents, je ne les ai jamais vu nager d’ailleurs, ils ne savaient pas.

Je me souviens que je m’amusais à m’élancer du plus loin possible des escaliers dans le petit bassin pour les atteindre en me laissant glisser sans faire aucun mouvement.

C’était comme une caresse, on en a tous besoin.

Entre les lignes

"L'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie.-Piscine l'après-midi"
Kafka le 2 août 1914 dans son journal.

Kafka dans son journal encore évoquant les recommandations de son médecin suite à un problème de santé :

"Il me suggère de prendre mes vacances maintenant (impossible), de prendre des médicaments (impossible également), de bien dormir (impossible également), de ne pas aller dans le sud, de ne pas nager (impossible également) et de mener une vie tranquille. (le moins possible de tous)."
Source

Kafka étant à la fois grand écrivain et grand nageur excellait entre les lignes.