Merci pour la vie

Si je créais un blog aujourd’hui, il ne porterait pas le nom de celui-là « Comme un cheveu sur la soupe ».

C’est seulement maintenant que cela me vient à l’esprit, alors que je vais fêter bientôt les 10 ans de son existence.

Sans doute qu’un changement récent s’est produit dans ma vie pour qu’il en soit ainsi. Mais à l’heure où j’écris ces lignes, je ne saurais déterminé lequel.

Que s’est-il passé depuis 10 ans de marquant pour moi ?

La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que j’ai perdu mes parents, mon beau-père et un ami.

Je suis devenu « Pépère » par deux fois.

Sur le plan professionnel, j’ai été en arrêt 6 mois en raison d’un épuisement de mes capacités à me plier à des pratiques que je réprouvais.

Ce furent 6 mois difficiles parce que j’étais à deux doigts de lâcher mon travail. Je ne sais pas ce qu’il y avait de plus angoissant dans cette perspective, le fait de me retrouver au chômage à un âge où il est compliqué de retrouver un emploi ou la peur de devoir abandonner un métier qui m’a apporté et qui m’apporte toujours beaucoup de bonheur.

J’ai connu aussi une période compliquée plus récemment sur le plan psychologique, où il a fallu que je me fasse aider pour passer le cap.

En parallèle à cette réflexion récente sur le nom de ce lieu d’expression, je me rends compte que j’y publie beaucoup moins qu’avant.

Ça ne veut pas dire que mon esprit n’est plus occupé à chercher des « bons mots » mais ceux que je trouve ne trouvent plus leur place ici, ils seraient à leur tour comme un cheveu sur la soupe.

Peut-être le décès par suicide d’un coéquipier de mon club de natation il y a trois semaines a été le déclencheur de cette pensée.

On ne se connaissait que très peu, à peine quelques entraînements et compétitions sur une année mais j’ai quand même pris un congé pour me rendre à sa sépulture, un peu étrangement donc au regard du peu de lien que nous avions.

C’était un vendredi après-midi, le ciel était d’un bleu pur, je m’en souviens parce que je trouvais que la grisaille et la pluie auraient été plus raccord. Sur l’espace qui nous sert à communiquer entre membres du club de natation, j’avais qualifié ce moment de quasiment irréel, d’une tristesse infinie.

L’image qu’il me reste est celle de son cercueil auprès duquel se tenaient debout ses trois filles. La plus jeune entrait dans l’adolescence, l’aînée en sortait tout juste.

Les mots qu’ils me restent sont les siens s’adressant à ses enfants dans une lettre d’adieu « Je serai toujours là pour vous, quand vous aurez besoin de me parler, parlez-moi, je vous répondrai ».

Ils m’ont mis en colère, j’avoue qu’intérieurement m’est venu : « Mais t’es con ou quoi ? Comment veux-tu les aider maintenant que tu es dans ta boîte ? ».

Depuis, mon courroux est retombé, mais il m’a fallu du temps avant de penser qu’il était absurde d’en vouloir à quelqu’un qui était au bout du rouleau.

Je me suis demandé ce qui aurait pu évité qu’il mette fin à ses jours. J’ai pensé que le problème venait de ce qu’il n’avait pas trouvé à s’exprimer. Naïvement peut-être, je me dis que de le faire peu guérir de tous les chagrins et j’ai pensé que l’on devrait encourager les gens à dire, se réjouir de cela, quelque soit la qualité de ce qu’ils produisent et ce dès leur plus jeune âge, par toutes sortes de moyens, dont l’écriture.

C’est ce que je fais grâce à « Comme un cheveu sur la soupe » qui est indissociable de ses lecteurs, alors merci pour la vie.