Un homme, une démission

Je suis allongé dans mon canapé alors qu’il y a mille choses à faire dans la maison, nettoyage, bricolage… mais je me sens incapable de bouger.

La plupart des gens ne comprennent pas cette inertie. Je ne la comprends pas toujours moi-même. Je me la reproche, je culpabilise. Je me dis que je suis un fainéant. Je le suis depuis mon enfance, de l’avis de tous, ou presque.

C’est comme ça. Je n’ai pas choisi. J’aimerais déborder d’énergie comme certains qui font mille choses dans une journée. C’est le cas d’un de mes frères, une bête de travail, une brillante carrière dans la marine nationale sans une seule journée d’arrêt maladie. À l’heure où j’écris il doit s’occuper de son jardin, réparer une toiture, s’entrainer pour son prochain semi-marathon, déménager un ami, cuisiner pour trente personnes… Il ne reste jamais sans rien faire. Il a une devise « Un homme, une mission », la mienne serait plutôt « Un homme, une démission ».

J’ai longtemps pensé que j’étais malade, je le pense encore parfois, une maladie psychique, une dépression, je pourrais prendre des médicaments, je l’ai déjà fait, mais je ne le fais plus parce qu’en même temps, aussi paradoxal que cela puisse paraître, je suis attaché à cet état.

En fait, il s’agit d’une pseudo-inertie car je réfléchis.

« Mais à quoi ? » me direz-vous,

« À rien » je répondrais,

enfin, j’essaie, car ça n’est pas rien que de réussir à ne penser à rien !