Quand le dernier Teuton fit son dernier sourire,
Que la France eut le droit de rentrer dans l’Histoire
Le maquis devint vite un vague souvenir
Dont tout fut oublié, et la lutte et la gloire.
Galonné qui reste trop longtemps sans servir,
Remets ton uniforme enfermé dans l’armoire,
Les combats sont finis, tu peux donc revenir
Défiler sans pudeur le jour de la victoire.
Celui qui, pour se battre, est parti dans les bois,
En revenant chez lui n’a que regard narquois.
Qu’importe, mon ami, si le bourgeois débine
Ton calot déchiré, ta veste sans couleur,
Car tu n’as que la poudre et le sang comme odeur
Et ce parfum vaut bien celui d’la naphtaline.
L’auteur de ce sonnet est un FFI anonyme qui a vu à la libération des officiers de l’armée d’avant-guerre faire soudainement leur apparition alors qu’ils étaient jusque-là « planqués », voir collaboraient, alors que lui et ses camarades étaient dans le maquis.
J’ai pris la liberté d’appeler ce poème « Les naphtalins ».
Michel A. Gautier, Poche de Saint Nazaire, neuf mois d’une guerre oubliée, p117.